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Juil 18, 2023 125 0 Bishop Robert Barron, USA
Evangéliser

Inclusivité & amour

La veille au soir, j’ai eu le privilège de participer à l’une des sessions d’écoute de la phase continentale du processus synodal. La base de notre discussion était un long document réalisé par le Vatican après avoir compilé des données et des témoignages provenant de l’ensemble du monde catholique. Comme j’ai étudié et parlé de la synodalité, j’ai beaucoup apprécié l’échange des points de vue. Mais je me suis senti de plus en plus mal à l’aise face à deux mots qui figurent en bonne place dans le document et qui ont dominé une grande partie de notre discussion, à savoir « inclusivité » et « accueillant ».

Nous entendons sans cesse que l’Église doit devenir un lieu plus inclusif et plus accueillant pour divers groupes : les femmes, les personnes LGBT+, les personnes divorcées et remariées civilement, etc. Mais je n’ai pas encore trouvé de définition précise de ces deux termes. À quoi ressemblerait exactement une Église accueillante et inclusive ? Est-ce qu’elle tendrait toujours la main à chacun dans un esprit d’invitation ? Si c’est le cas, la réponse semble évidemment être oui. Traiterait-elle toujours chaque personne, quelle que soit son origine, son appartenance ethnique ou sa sexualité, avec respect et dignité ? Dans l’affirmative, là encore, la réponse est oui. Une telle Église écouterait-elle toujours avec une attention pastorale les préoccupations de tous ? Dans ce cas, la réponse est affirmative. Mais une Église présentant ces qualités ne poserait-elle jamais un défi moral à ceux qui cherchent à y entrer ? Ratifierait-elle le comportement et les choix de vie de quiconque se présenterait pour être admis ? Abandonnerait-elle effectivement sa propre identité et sa logique de structuration afin d’accueillir tous ceux qui se présentent ? J’espère qu’il est tout aussi évident que la réponse à toutes ces questions est un non retentissant. L’ambiguïté des termes est un problème qui pourrait saper une grande partie du processus synodal.

Pour trancher cette question, je suggérerais que nous nous tournions non pas tant vers la culture ambiante de l’époque actuelle que vers le Christ Jésus. Son attitude d’accueil radical n’est nulle part plus évidente que dans Sa communion à table ouverte, c’est-à-dire Sa pratique constante – contre-culturelle à l’extrême – de manger et de boire non seulement avec les justes, mais aussi avec les pécheurs, les pharisiens, les collecteurs d’impôts et les prostituées. Ces repas de communion sacrée, Jésus les a même comparés au banquet du ciel. Tout au long de son ministère public, Jésus a tendu la main à ceux qui étaient considérés comme impurs ou méchants : la femme au puits, l’aveugle-né, Zachée, la femme prise en flagrant délit d’adultère, le voleur crucifié à ses côtés, etc. Il ne fait donc aucun doute qu’Il était hospitalier, gracieux et, oui, accueillant pour tous.

De même, cette inclusivité du Seigneur s’accompagne sans ambiguïté et de manière cohérente d’un appel à la conversion. En effet, le premier mot qui sort de la bouche de Jésus lors de Son discours inaugural dans l’Évangile de Marc n’est pas « Bienvenue ! » mais plutôt « Repentez-vous ! » À la femme prise en flagrant délit d’adultère, Il dit : « Va et ne pèche plus » ; après avoir rencontré le Seigneur, Zachée promet de changer ses habitudes de pécheur et de compenser largement ses méfaits ; en présence de Jésus, le bon larron reconnaît sa propre culpabilité ; et le Christ ressuscité contraint le chef des Apôtres, qui L’avait renié trois fois, à affirmer son amour à trois reprises.
En un mot, il existe un équilibre remarquable dans l’action pastorale de Jésus entre l’accueil et le défi, entre l’action et l’appel au changement. C’est pourquoi je qualifierais Son approche non pas simplement d’ « inclusive » ou d’ « accueillante », mais plutôt d’aimante. Thomas d’Aquin nous rappelle qu’aimer, c’est « vouloir le bien de l’autre ». En conséquence, celui qui aime vraiment l’autre lui tend la main avec gentillesse, certes, mais en même temps il n’hésite pas, si nécessaire, à le corriger, à l’avertir, voire à le juger. On a un jour demandé à mon mentor, le cardinal Francis George, pourquoi il n’aimait pas le sentiment qui se cachait derrière la chanson « All Are Welcome ». Il a répondu qu’elle négligeait le simple fait que, si tous sont effectivement les bienvenus dans l’Église, c’est « aux conditions du Christ, pas aux leurs ».

Une préoccupation générale que j’ai, très liée à l’utilisation constante des termes « accueil » et « inclusivité », est l’éclipse de la doctrine, de l’anthropologie et de l’argumentation théologique réelle par le sentiment, ou pour le dire un peu différemment, la tendance à psychologiser les questions à l’étude. L’Église n’interdit pas les actes homosexuels parce qu’elle a une peur irrationnelle des homosexuels ; elle ne refuse pas non plus la communion à ceux qui vivent des mariages irréguliers parce qu’elle prend son pied à être exclusive ; elle ne refuse pas non plus l’ordination des femmes parce que les vieux grincheux au pouvoir ne supportent pas les femmes. Pour chacune de ces positions, elle articule des arguments fondés sur l’Écriture, la philosophie et la tradition théologique, et chacune a été ratifiée par l’enseignement autorisé des évêques en communion avec le pape. Remettre en cause tous ces enseignements établis parce qu’ils ne correspondent pas aux canons de notre culture contemporaine serait placer l’Église dans une véritable crise. Et je ne crois sincèrement pas que cet ébranlement des fondations soit ce que le pape François avait à l’esprit lorsqu’il a appelé à un synode sur la synodalité.

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Bishop Robert Barron

Bishop Robert Barron is the founder of Word on Fire Catholic Ministries and Auxiliary Bishop of the Archdiocese of Los Angeles. Bishop Barron is a #1 Amazon bestselling author and has published numerous books, essays, and articles on theology and the spiritual life. ARTICLE originally published at wordonfire.org. Reprinted with permission.

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