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Juin 26, 2024 96 0 Maria Teres Sebastian

La santé mentale est importante

Si vous luttez avec une maladie mentale ou si l’un de vos proches est en train de combattre héroïquement cette maladie, alors, cet article est pour vous.

J’ai eu l’occasion d’écouter un des discours de Dr. Matthieu Breuninger en 2020 lorsque la pandémie était à son apogée et que je traversais un profond bouleversement intérieur. Sa vision de la guérison m’émut profondément à l’époque. Aussi, lorsque je suis tombée récemment par hasard sur le projet KNOWN, mon intérêt fut instinctivement piqué. Les messages postés sur le blog d’Isaac et sa mission personnelle avaient une intention inspirante et une détermination telle que sans aucune hésitation, j’entrai en contact avec ces deux âmes exceptionnelles. Isaac et Matt sont tous les deux professionnels dans le domaine de la santé mentale, et ils ont su merveilleusement allier leur métier et leur foi à travers leur projet KNOWN. Chacun a son histoire, où ils ont cherché et perdu de vue Dieu, mais au final, tout leur parcours a consisté à poser des questions, à rechercher la vérité et à aboutir au cœur aimant du Père.

Faire leur connaissance a été pour moi une vraie bénédiction et voici un extrait de la conversation éclairante que j’ai eue avec eux.

Ainsi, vous avez tous les deux eu votre part d’épreuves. Par expérience et à la lueur de votre parcours professionnel, pensez-vous qu’il est vrai que le fait d’avoir des problèmes mentaux équivaut à ne pas être assez solide dans la foi ?

Isaac : Je l’ai déjà entendu dire par beaucoup de personnes, et j’ai moi-même eu à lutter contre ça. Je n’ai pas de super bonne réponse à cette question, mais, à la base, je pense qu’il ne s’agit pas « d’avoir ou de ne pas avoir la foi ». Mais plutôt, si on change de perspective, cela nous aiderait tous.

La vérité est que, nous sommes tous cassés, vraiment cassés. La possibilité que nous donne notre foi, c’est de pouvoir le dire haut et de manière libre : « Je suis brisé. J’ai besoin qu’on me tienne par la main et qu’on m’aime. J’aurai besoin de tout recommencer à zéro. » Nous avons besoin qu’on nous voie dans cet état brisé et désordonné. Et nous avons besoin d’être aimé là. Cette idée que mon état cassé montre que je ne suis pas solide dans ma foi est tellement fallacieuse.

En réalité, ma foi n’est pas très forte, mais ça, ce n’est pas grave. Je continuerai à aller vers Dieu avec ma foi insuffisante, avec mon angoisse, mon état brisé… tout ce désordre. Oui, c’est vrai que ma foi a besoin d’être fortifiée, mais qu’importe, si la manière dont je prie – ma façon de communiquer avec Dieu – se fait en prenant soin de moi-même d’une manière nouvelle et meilleure, en utilisant mes compétences pour m’aider à y arriver ?

Matt : Dire à quelqu’un : « Aie une foi plus forte ! » signifie que l’on a compris la foi de travers parce que l’on ne se donne pas la foi à soi-même. C’est un cadeau qui vient du Ciel. Il est vraiment facile de dire : « Juste, crois que tu es le/la bien-aimé(e) de Dieu. » Mais si, dans votre vie, vous avez fait à maintes reprises l’expérience de besoins non-satisfaits par vos parents, un sentiment d’inutilité s’installe et devient câblé dans vos neurones. Aussi, un quelconque « Tu sais, tu as de la valeur ! » prononcé de manière ordinaire ne suffira surtout pas.

Ce qui est formidable avec le Bon Dieu, c’est qu’Il ne nous demande pas de nous débarrasser de nos sentiments. Il nous dit tout simplement : « Prends ta croix et suis-moi. » Aussi, parfois, ma maladie, ma dépression, devient ma croix et je Le suis avec ma tristesse. Des fois, nous faisons l’expérience de toute la gamme des sentiments humains, des fois, nous nous sentons bloqués. Mais lorsque nous prions tout simplement ainsi : « Mon Dieu, je suis angoissé(e). Je n’ai jamais été comme ça avant. » Je pense que Dieu le Père répondra : « Mais bien-sûr que tu l’es. »

Pendant que j’apprenais à ma fille à rouler en vélo, elle me disait : « Papa, j’ai peur. » Je lui disais alors : « Mais c’est sûr, mon enfant. C’est parce que tu n’as jamais conduit auparavant. Tu vas tomber et te faire mal. Mais, moi, je suis là, ton papa. Je comprends que tu aies peur. À force de conduire, tu apprendras à ne plus être effrayée. » Je ne la gronde pas en disant : « Tu n’as pas confiance en moi ? » Dieu se comporte exactement de la même manière avec nous, avec une compassion infinie.

Sentez-vous comme un défi d’allier la foi catholique dans vos soins psychiatriques ? La plupart du temps, il semblerait que ces deux domaines ne vont pas ensemble…

Isaac : Je pense qu’en fait, ça aide beaucoup quand la foi et la psychologie travaillent ensemble. La foi catholique a un énorme atout à pouvoir nous donner une idée précise de qui nous sommes – nous sommes créés par Dieu et pour Dieu. Je pense que là est la part la plus importante de la question sur ce qu’est une personne, c’est quelqu’un qui a une dignité infinie.

Le travail d’un thérapeute est bien souvent de rechercher cette dignité infinie en vous, puis de vous en faire prendre conscience en vous faisant prendre du recul sur les événements passés et en vous faisant réfléchir. C’est ainsi que je procède avec mes patients qui ne partagent pas la même foi que moi. Comme j’ai déjà fait l’expérience de l’amour de Dieu pour moi, et aussi l’expérience de comment Dieu a fait pour retrouver au fond de moi ma propre valeur infinie, l’a mise au jour et me l’a montrée – cela devient le chemin que je poursuis pour ceux qui viennent à moi. C’est à l’intérieur de cette miséricorde, de cet amour, et dans cette communion que nous pouvons tous être appelés à devenir et à faire quelque chose de plus grand. Ma foi est un tel fondement d’espoir, de rédemption et de renouvellement que je ne peux imaginer de sains soins sans elle.

Matt : La vérité, honnêtement, est que la psychiatrie peut réellement être hostile à la foi et à ses principes. Mais à la lumière des soins que je donne, il me semble qu’aucun d’entre nous ne rejette Dieu. Nous rejetons ceux qui nous ont opprimés, brutalisés ou humiliés. Nous rejetons même les mauvaises idées reçues sur Dieu, ces idées tordues et déformées, mais nous ne rejetons jamais Dieu. Aussi, mon objectif dans la thérapie, c’est de balayer tous ces éléments d’origine humaine ou naturelle qui nous empêchent de voir Dieu tel qu’Il voudrait se révéler à nous.

Je considère mon métier comme étant les mains, les yeux et les pieds du Christ, aussi ce que j’essaie de faire le plus, c’est de m’asseoir à côté de mes patients comme ferait Dieu – devenir un porte-parole, un visuel… Comment le Christ réagirait-Il si on lui racontait ce qu’on a vécu de difficile, de douloureux, de honteux ou d’immoral ?

Je peux éprouver une grande compassion pour vous, vous transmettre une vérité profonde et fondamentale à propos de qui vous êtes et comment Dieu vous voit sans même prononcer une seule fois le mot « Dieu ». Ne sommes-nous pas plus enclins à nous émouvoir et à nous laisser modeler par des paroles quand il existe une profonde relation de confiance, d’amour et un profond sentiment de sécurité ? Et quand nous faisons cette expérience, nous écoutons, le cœur ouvert. Ainsi, au lieu d’être un défi, ma foi instruit et aide mes soins dans de nombreuses manières bien profondes.

J’ai eu un patient qui avait eu recours à une fécondation in-vitro et craignait que je ne le désapprouve car je suis catholique. À ce stade, nous avions déjà exploré de profondes et vulnérables pistes et je lui dis que j’aimerais prendre le bébé dans mes bras et même l’embrasser. Je ne pense pas que la fécondation in-vitro soit une bonne chose, mais en même temps, je peux aimer mon patient et être heureux pour lui. Je peux adhérer à ces deux choses. Je pense que le fait de s’exprimer peut être source de guérison pour nous tous.

Ainsi, KNOWN est une initiative pour rapprocher ces deux domaines, de manière harmonieuse. Pouvez-vous présenter en un mot le projet ?

Matt : Pour beaucoup d’entre nous, il nous est difficile de comprendre ou d’imaginer un Dieu qui nous aime, même quand nous faisons des bêtises. Car à chaque fois que nous avons fait une bêtise, nos parents nous ont désapprouvés en exprimant de la déception, de l’embarras et de la honte. Ils nous disaient souvent : « Je t’aimerai et je serai bon avec toi quand tu changeras. » Je pense qu’il est vraiment dur pour un parent de témoigner de l’affection à son enfant, pendant qu’il le corrige et de lui dire : « Je t’aime et j’ai besoin de toi et je veux garder ce lien avec toi, même si ce que tu as fait n’est pas bon. »

Je trouve que l’appellation KNOWN est tellement puissant parce qu’elle communique le désir profond du cœur humain à être « connu » et à ne pas avoir peur que si l’on voit qui je suis, on risque de me quitter. Je pense que c’est là le noyau de tout le projet – le cœur du Père nous connaît tous, nous étreint et nous attire à Lui. Il voit bien au-delà de nos défauts, de nos fautes, de nos échecs et cherche à saisir en nous cette beauté intérieure. C’est ce que nous désirons tous, n’est-ce pas ? Ce sentiment d’être connu à fond et d’être aimé encore. KNOWN essaye de vous transmettre ce message en vous disant que vous avez tout cela déjà – en le Père.

Isaac : KNOWN est un parcours qui s’étend sur 12 semaines pour opérer une guérison profonde de tout ce qui touche à notre identité – en réapprenant que l’identité du Père, c’est l’amour, et à travers Son amour, redécouvrir notre identité individuelle à chacun en tant que fils ou fille bien-aimé(e) du Père. Nous nous rendons là où se trouvent les blessures les plus profondes où la déformation de notre identité est la plus coriace, et permettons à la lumière et à l’amour du Père de visiter ces endroits. Puis, nous voyageons plus vers un lieu de liberté, de légèreté, d’enfance et d’espièglerie.

L’arc global du voyage, c’est d’apprendre à être entièrement vrai sur ce que votre cœur pense de Dieu. Laissant un peu de côté notre théologie et permettant à nos cœurs de parler : « Voilà ce que je ressens réellement, Père. Je ne me sens vraiment pas en sécurité. Je me sens tout petit et abandonné et Vous me semblez dur, lointain et au contrôle de tout. » Le fait de dire ces choses ouvertement et continuer ainsi jusqu’à parvenir à comprendre pourquoi on en est arrivé à devenir si suspicieux, avec ce sentiment d’insécurité envers le Père ; poursuivre jusqu’à arriver à obtenir la guérison de toutes nos blessures passées. Toute la démarche, construite à travers notre honnêteté, consiste à laisser le Père nous montrer quelque chose de nouveau.

On fait ce travail en groupe. Chaque personne a sa propre histoire et son propre parcours, aussi nous essayons de faciliter ce processus. Nous ne sommes pas les responsables de la guérison. Elle intervient de manière individuelle et personnelle entre Dieu et chaque participant.

J’ai tant entendu dire que la maladie mentale rend la prière très difficile. Comment peut-on surmonter cet obstacle ?

Isaac : À KNOWN, nous vous invitons à l’honnêteté totale dans la prière. Trois fois par semaine, la nuit, nous avons un temps de prière silencieuse – en éteignant tout appareil technologique à partir de 19h jusqu’à 7h du lendemain matin, et aussi en éteignant toutes les lampes électriques pour laisser place à la lumière des bougies au-delà de 21h. Dans ce temps de silence, nous vous invitons à rester entièrement honnête et sincère dans votre prière.

Nous vous demandons juste de simplifier même votre langage avec le Bon Dieu. Qu’y a-t-il dans votre cœur, au fait ? « Père, j’ai peur. Je suis excité(e). Je suis angoissé(e). Je suis blessé(e). » Lui raconter tout simplement ces choses-là plutôt que de condamner certaines zones d’ombres en vous parce qu’ils ne sont pas suffisamment « saints ». Cela aide vraiment.

Ce n’est pas une prière prescriptive ; ça descend au niveau du cri du cœur pour le rediriger vers le Père. Laissez-Le entendre ce cri. Souvent, quand les gens sont bloqués, je leur demande de passer toute la semaine suivante à dire à Dieu combien ils sont en colère. Essayer de louer Dieu de manière pieuse et sainte alors que nos cœurs sont très en colère, ça ne marche pas du tout. Aussi, c’est comme ça que nous invitons les gens à prier – dans un entièrement relationnel et simple cri qui vient du cœur.

Matt : Voilà ce à quoi ressemble le Père – un Papa. Comme un papa, je veux savoir quand mes enfants sont en colère, tristes ou angoissées, même si c’est avec moi qu’ils sont en colère. Quand je refuse quelque chose à ma fille, elle tape des pieds en disant : « Papa je suis fâchée avec toi. » Mais la colère de ma fille ne me fait pas peur du tout ou ne me blesse pas. J’ai mal pour elle et cela suscite ma compassion, mais cela ne me met pas en colère.

Dieu est parfait ! Ma colère n’altère en rien sa perfection. Quand je lui dis : « Mon Dieu, je suis fâché(e) avec vous », cela suscite Sa compassion comme un papa qui a bon cœur. Puisque Dieu n’a pas de ego comme certains d’entre nous – pères de famille avons -, c’est à ce genre de prière que nous vous invitons – être totalement ouvert et honnête dans la relation avec Dieu.

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Est-ce que vous souffrez d’une maladie mentale ? Voici quelques conseils de Matt et d’Isaac.

1. Présentez votre cœur à Dieu

Quand vous avez du mal à prier, parlez librement de votre souffrance, de votre anxiété, de votre peur et de votre frustration à Dieu et immergez tout cela en Dieu le Père. Mettez de l’honnêteté dans votre relation avec le Bon Dieu et laissez-Le voir et connaître votre cœur tel qu’il est. Ne retenez rien, ne Lui cachez rien.

2. Il faut trouver des images dans Les Écritures qui vont vous permettre de vous laisser regarder par Dieu et être connu par Lui

Trouvez quelque chose à laquelle vous pourrez vous accrocher comme à une ancre – soit une ligne dans une prière, un verset de la Bible, une image visuelle de vous avec Jésus ou avec le Père… Trouvez-en et aux moments les plus durs, dans les épreuves et bouleversements, retournez à ce lieu de sérénité et accrochez-vous y pour de bon.

3. Trouvez (et offrez) une camaraderie

Nous sommes faits à l’image de Dieu qui est Lui-même communion de personnes. Personne d’entre nous ne peut le faire étant tout seul. Quand je lutte, il y a toujours un groupe d’amis à qui je peux recourir, leur foi et leur amour me soutiennent souvent. Et cela me donne la conviction que je ne suis pas tout seul. Nous avons besoin de gens autour de nous pour nous voir et nous aimer quand nous ne pouvons pas nous aimer nous-mêmes.

Il est important d’avoir au moins une personne à qui vous pourrez raconter presque tout de vous – tout ce qui est honteux, tout ce qui est durci, tout ce qui est déroutant ; pas pour vous donner de bons conseils ou essayer d’arranger les choses mais pour rester à vos côtés pendant que vous êtes vulnérable, pour intercéder pour vous, croire pour vous jusqu’à ce que vous repreniez conscience de votre vraie valeur.

4. Permettez aux autres de porter votre croix (Jésus l’a fait !)

Beaucoup de gens avec qui j’ai parlé craignent de devenir un fardeau pour les autres. On a tellement peur ces temps-ci de charger les autres avec nos états d’âmes ou nos besoins. Mais ce n’est pas grave d’avoir besoin d’aide. Ce n’est pas grave d’être un fardeau. C’est justement là en fait que l’Église prend vie, quand nous commençons tous à marcher ensemble.

Père très cher, en votre cœur, je remets ma vie cassée, brisée… Rendez-moi capable de retrouver mon chemin vers vous et permettez-moi de sentir votre étreinte qui durera pour toujours.

Maria Teres Sebastian

Maria Teres Sebastian is a passionate young writer who aspires to spend her time and skills for the glory of God. She lives in Kerala, India.

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