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Avr 18, 2024 143 0 Deacon Jim MC Fadden
Apprécier

Vous êtes plus que ce que vous avez

Super-riche, je-sais-tout, très respecté, influenceur puissant… la liste est sans fin, mais tout cela n’a pas d’importance lorsqu’il s’agit de savoir qui vous êtes.

Au début des années 60, le groupe folk-rock The Byrds a connu un succès retentissant intitulé Turn ! Turn ! Turn ! qui était une adaptation du troisième chapitre de l’Ecclésiaste. J’ai trouvé cette chanson passionnante. Elle m’a encouragé à lire le livre en entier, ce que j’ai trouvé très étrange. C’était étrange parce que, contrairement aux paroles de la chanson, j’ai trouvé que le reste, en particulier le premier chapitre, était un « rabat-joie », un traitement implacable de la condition humaine.

L’auteur, Qohéleth, se décrit comme un vieil homme qui a tout vu, tout fait et tout vécu. Il a profité de tout ce que la vie peut offrir : il est super riche, il a accumulé des connaissances, il est respecté par ses pairs, il a le pouvoir de naviguer dans la vie et, en fait, il a profité de toute sorte de confort que l’on peut trouver sur son chemin. Mais, compte tenu de tout cela, il est arrivé à la conclusion que cela n’a pas d’importance.

Pourquoi pas ? Je pense qu’il a compris au plus profond de lui-même que ce que vous êtes est bien plus important que ce que vous avez. La raison en est relativement simple : les biens de ce monde passeront et s’évanouiront toujours parce qu’ils sont éphémères, transitoires et limités.

Avant d’être emportés

Ce que nous sommes est une question de caractère moral et spirituel, une question d’âme. Dans les premiers chapitres de la Genèse, il nous est révélé que nous sommes faits à l’image et à la ressemblance de Dieu, ce qui nous permet de participer à l’être même de Dieu et à la vie éternelle. En d’autres termes, nous sommes ce que nous sommes en relation avec Dieu, et non en fonction de ce que nous possédons. Nous sommes, au plus profond de nous-mêmes, des êtres spirituels et religieux.

Dans la parabole de l’Évangile du riche insensé, Jésus fait une remarque similaire, mais va beaucoup plus loin. Jésus se moque en effet de l’homme qui fait allégeance à sa richesse et à sa sécurité, dans l’hypothèse erronée qu’elles lui apporteront la joie. L’homme n’est pas seulement riche, mais sa richesse va augmenter de façon spectaculaire parce qu’il a eu une bonne récolte. Alors, que fait-il ? Il décide de démolir ses vieilles granges et d’en construire de plus grandes pour stocker ses richesses supplémentaires. L’homme a construit sa vie sur plusieurs considérations : (1) les biens de ce monde ont de la valeur ; (2) les nombreuses années, le style de vie qu’il faut pour réaliser ses ambitions ; (3) sa richesse favorisera un sentiment de tranquillité et de jouissance sans limite. Compte tenu de toutes ces considérations, rien ne manque.

Au contraire, jeune homme riche et insensé ! La Parole que Dieu lui adresse réduit à néant ses projets : « Insensé, cette nuit même on te redemande ta vie, et ce que tu as préparé, qui donc l’aura ? » (Luc 12, 20) Ce que Jésus lui dit, c’est que Dieu ne lui demande pas ses biens, mais sa vie même, ce qu’il est ! Et cette demande n’est pas faite dans un avenir lointain, mais ici et maintenant.

Cette nuit, votre âme, votre cœur, votre vie vous seront demandés. Jésus dit : « Voilà ce qui arrive à celui qui amasse un trésor pour lui-même au lieu de s’enrichir auprès de Dieu. » (Luc 12, 21) Au lieu de la « jouissance de la vie », c’est-à-dire de l’accumulation des biens de ce monde, Jésus lui demande de renoncer à sa vie. « Cherchez plutôt son Royaume, et cela vous sera donné par surcroît. » (Luc 12, 31)

Finalement réel

Cher lecteur, c’est la clé de voûte, un choix primordial : mon regard est-il tourné vers Dieu ou vers les biens de ce monde ? Si c’est le premier, alors nous vivrons notre véritable dignité d’être humain. Nous aimerons Dieu de tout notre cœur et de toute notre âme, et notre prochain comme nous-mêmes, parce que nous sommes ancrés dans ce qui est finalement réel. Nous serons dans la bonne relation avec Dieu, notre prochain et toute la création.

L’attachement aux biens de ce monde ne peut satisfaire le désir du cœur, car ils ne peuvent nous aimer, ce qui est le désir fondamental de l’âme. Au contraire, cette obsession et cette dépendance provoquent davantage de faim et donnent lieu à un sentiment d’anxiété accru. En d’autres termes, si nous rejetons le sacré et le transcendant dans notre vie, nous éprouverons inévitablement une peur de notre existence même, un sentiment de vide et d’aliénation par rapport à nos semblables, une profonde solitude et un sentiment de culpabilité.

Il n’est pas nécessaire que cela se termine ainsi. Jésus nous invite à regarder avec réalisme comment la richesse peut asservir nos cœurs et nous détourner de notre véritable trésor, qui est le Royaume de Dieu dans sa plénitude au Ciel. Dans ce sens, saint Paul nous rappelle dans sa lettre aux Colossiens de « pensez aux réalités d’en haut, non à celles de la terre ». (3, 1-2)

Il est donc important que nous examinions ce que nous aimons vraiment. L’amour vécu selon l’Évangile est la source du vrai bonheur, alors que la recherche exagérée et sans contrepartie de biens matériels et de richesses est souvent source d’agitation, d’anxiété, d’abus d’autrui, de manipulation et de domination.

Les lectures de l’Ecclésiaste, de l’Evangile de Luc et de la lettre de Paul renvoient toutes à la question : « Qui suis-je ? » qui importe infiniment plus que ce que vous possédez. Ce qui compte, c’est que vous êtes l’enfant bien-aimé de Dieu, créé pour reposer finalement dans l’amour de Dieu.

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