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Oct 04, 2023 132 0 Shalom Tidings
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Écrasés mais pas brisés

L’histoire de cette famille ressemble à un scénario de drame mais la fin vous surprendra sans aucun doute

L’histoire commence chez nous, dans notre maison, où j’ai grandi avec mes deux petits frères, Oscar et Louis. Notre papa était en charge de la musique à l’église, tandis que maman jouait du piano. Notre enfance a été heureuse, tournant autour de l’église et de la famille, avec nos grands-parents habitant tout près de chez nous. Nous pensions que tout allait bien mais quand j’étais en sixième année, Maman et Papa nous ont dit qu’ils allaient divorcer. On ne savait pas ce que ça voulait dire parce que personne dans notre famille n’avait divorcé, mais nous le comprîmes très vite. Nous avons été renvoyés de maison en maison alors qu’ils se battaient pour la garde.

Près d’un an plus tard, Papa fut hors de la ville pour un week-end. Mes frères et moi étions supposés être avec Maman, mais avons atterri chez des amis à la dernière minute. Nous étions surpris de voir papa rentrer précipitamment, plus tôt que prévu, nous récupérer, mais nous fûmes terrassés d’en apprendre la raison. Maman avait été retrouvée morte dans sa voiture dans un parking désert. Apparemment deux hommes avaient volé son sac et ses bijoux sous la menace d’une arme. Puis ils l’ont tous les deux violée dans la banquette arrière de la voiture avant de tirer trois fois sur son visage, la laissant mourir sur le plancher de la voiture. Quand papa nous a dit ça, on n’a pas pu croire du tout. Pourquoi quelqu’un s’en prendrait-il à sa vie ? On se demandait s’ils allaient nous poursuivre. Le sentiment d’insécurité devint le quotidien de notre jeune enfance.

Les conséquences

Après les funérailles, nous essayâmes de retourner à une vie normale avec notre papa, mais j’appris que le retour à la normale ne se faisait jamais pour les victimes de crimes. Papa tenait une entreprise de bâtiment. Un an après l’assassinat de Maman, Papa a été arrêté, avec deux de ses employés et accusé de meurtre qualifié et de sollicitation criminelle pour avoir embauché ses deux hommes pour tuer Maman. Les trois se blâmaient l’un l’autre. L’un des employés affirma qu’il avait surpris Papa en train de charger l’autre gars de commettre le meurtre. Papa clamait son innocence et nous avions confiance en lui, mais par contre, sa sortie de prison lui a été refusée et tout changea pour nous. Quand Maman a été assassinée, nous étions les enfants d’une victime. Les gens, surtout ceux de l’église, voulaient nous aider dans notre situation. Ils étaient généreux et bons. Mais quand Papa a été arrêté, on nous a traités d’une autre manière. On a été stigmatisé à être les enfants d’un délinquant. Les gens nous ont décrits comme des produits endommagés qui ne vaudraient plus rien.

Nous avons donc emménagé chez notre tante et notre oncle, et je commençai mes études au lycée d’Austin mais je continuai à visiter régulièrement mon père dans la prison du comté parce que nous l’aimions bien et que nous le croyions innocent. Deux ans et demi plus tard, il a été jugé. C’était vraiment très dur pour nous, de voir tous les détails éclabousser de toutes parts dans les nouvelles, surtout pour moi, parce que je portais le même nom. Quand il fut reconnu coupable, nous fûmes effondrés, surtout qu’il fut condamné à mort et transféré à Huntsville en attendant son exécution. Si vous faites partie de la famille d’un détenu, c’est comme si votre vie était en suspens.

Confessions choquantes

Lors de ma dernière année à l’université, il y eut du nouveau dans le procès. Le secrétaire du Procureur du District a révélé que le procureur avait modifié des preuves pour prouver que Papa était coupable. On avait toujours cru en l’innocence de Papa, aussi on était fous de joie. Papa était allé jusqu’aux portes de la mort puis renvoyé à la prison du comté dans l’attente d’un nouveau jugement qui aurait lieu quatre ans plus tard. Moi et mes frères avons témoigné en sa faveur et le jury a trouvé qu’il était non coupable de meurtre qualifié, ce qui signifiait qu’il ne serait jamais mis à mort. Je ne peux exprimer le soulagement que je ressentis quand j’appris que je n’allais pas perdre mon père comme ça. Cependant ils le qualifièrent coupable d’une peine plus légère, ce qui lui valut la prison à perpétuité. Malgré cela tout le monde savait qu’il serait bientôt libéré sur parole. Nous avions fait tout notre possible pendant toutes ces années pour que Papa rentre à la maison. Nous étions donc tellement excités que cela arrivait et qu’il pourrait désormais rentrer et vivre avec notre famille.

Quand je lui rendis visite avant sa libération, je lui demandai de clarifier certaines des questions qui étaient ressorties pendant le procès. Il me dit que je pouvais tout lui demander, mais quand je fis allusion à une question bien précise, il me regarda droit dans les yeux et dit : « Jim, je l’ai fait, et elle l’a bien mérité. » J’étais choqué. Il était en train d’avouer mais n’éprouvait même pas de remords à propos de cela. Il blâmait Maman. Il se prenait pour la victime car il était en prison. J’étais furieux. Je voulais lui faire comprendre qu’il n’était pas la victime. Ma Maman qui était enterrée, était, elle, la victime. Je ne peux pas décrire à quel point nous nous sentions trahis qu’il nous ait menti tout ce temps-là. J’avais l’impression qu’on pleurait Maman pour la toute première fois car depuis que Papa avait été arrêté, on ne pensait qu’à lui. Ma famille contesta sa sortie sur parole, ce qui fit que la commission des libérations conditionnelles la lui refusa. Je suis reparti le voir pour lui dire qu’il irait encore en prison, pas au couloir de la mort, où il était protégé des autres prisonniers mais dans une cellule sécurisée au maximum pour le restant de sa vie. Je lui dis que plus jamais, il ne reverrait aucun d’entre nous. Nous lui avions rendu visite pendant toutes ces années, nous lui avions envoyé des lettres, et avions alimenté son compte qu’il avait en prison. Il avait tenu une grande place dans notre vie, mais maintenant, c’était fini, nous lui avons tourné le dos.

Lâcher prise

Après quatre ans sans contact, je suis reparti voir Papa en prison. J’avais maintenant un fils, et je peux encore moins comprendre qu’on puisse vouloir du mal à son enfant, surtout depuis que j’avais appris que Papa avait aussi désigné des hommes pour me tuer moi et mes frères. Je voulais des réponses, mais la première chose qu’il a faite, c’est de demander pardon pour ce qu’il a fait pour Maman, pour mes frères et pour moi. C’était un homme qui ne s’était jamais repenti de quoi que ce soit. Au début je ne l’ai pas cru, mais j’avais appris que quand vous entendez quelqu’un vous demander pardon, vous commencez à guérir. La chose suivante qu’il me dit, fut : « Jim, j’ai finalement donné ma vie à Dieu et je suis devenu chrétien après avoir touché le fond ici, en prison. »

Durant l’année suivante, j’ai visité Papa une fois par mois. Pendant cette période, j’ai entrepris une démarche de pardon. À première vue, il semble impossible d’être capable de pardonner votre père qui a tué votre mère. Je travaille avec beaucoup de personnes victimes de crimes. Ce que j’ai compris c’est que si vous ne pardonnez pas à un offenseur ou à quelqu’un qui vous a blessé, vous devenez amer, en colère et dépressif. Je ne voulais plus me laisser contrôler par mon père, je lui ai donc pardonné, pas pour lâcher prise sur lui, mais pour me libérer de la prise. Je ne voulais pas être cet homme amer, en colère et dépressif. Dans ce processus de réconciliation, j’ai plaidé pour Maman à qui on avait ôté la parole. Cette même année, au fur et à mesure que nous avions parlé des problèmes, je vis un changement en Papa.

Environ un an après avoir repris contact, je reçus un appel de l’aumônier de la prison me disant que Papa avait souffert d’un anévrisme cérébral. Il avait subi une mort cérébrale. Nous avons donc eu à prendre la décision de le débrancher ou pas, ce qui paraît facile, mais ne l’était pas du tout. Malgré tout cela, je l’aimais encore. Nous avons demandé à récupérer sa dépouille car ainsi nous n’aurions pas l’héritage d’avoir enterré notre père dans l’enceinte de la prison. Nous étions surpris de voir le gardien et l’aumônier de la prison aux funérailles et ils nous dirent que, pour la première fois, on avait autorisé à avoir une célébration à la mémoire de mon père, dans la chapelle de la prison. Quand nous sommes partis à cette cérémonie, on nous a faits asseoir au premier rang avec 300 prisonniers, camarades de cellule de notre père, tous assis derrière nous, avec des gardiens tout autour. Durant les trois heures qui suivirent, les hommes vinrent un à un, parler au micro, nous regardant droit dans les yeux. Ils nous racontèrent leurs histoires, comment ils étaient retournés à la foi au Christ parce que Papa leur avait partagé sa foi et avait ainsi opéré un changement dans leurs vies. En avouant et en se repentant de ses mauvais choix, en prenant la responsabilité de ses actes, et en demandant pardon à Dieu, il a donné un nouveau sens à sa vie, une nouvelle direction et entraîné les autres avec lui. Quand on entend le témoignage d’une personne, c’est fort – c’est puissant. Mais quand c’est 300 personnes qui le disent ça devient écrasant.

J’ai commencé donc à en parler dans les églises, dans les prisons, et dans les programmes de justice réparatrice – aux victimes comme aux coupables désirant réhabiliter, partageant avec eux notre histoire de reconstruction et de restauration suite à une démarche de pardon. J’ai été témoin maintes fois, j’ai vu comment les gens peuvent changer. Quand je raconte notre histoire, j’arrive à honorer nos deux parents – notre Maman pour tout le côté positif qu’elle a apporté à notre vie et notre Papa pour sa décision sincère de se repentir. La fin de toute cette histoire, c’est que nous avons pu voir comment Dieu peut se saisir de situations horribles et les transformer en bien. Ce que nous avons appris sur le repentir et le pardon a fait de nous de meilleurs maris et pères de famille car nous voulions donner à nos familles quelque chose de mieux. Nous avons appris à travers une expérience amère, que pour se repentir vraiment, il faut se repentir de manière continue. Et pour pardonner réellement, il faut toujours pardonner, pas seulement une fois, mais tout le temps.

Cet article est tiré du témoignage de Jim Buffington et de ses frères sur le programme de Shalom World : « Soixante-dix fois sept fois. » Pour voir cet épisode, vous pouvez visiter :
shalomworld.org/episode/forgiving-their-mothers-murderer

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